Retour à la page d'accueil
Je suis chez mes parents parce que je suis retournée habiter chez eux quelques temps en revenant de Paris, ne possédant pas de thunes et faisant des études à Lyon. La plupart du temps ça se passe bien parce que je les vois très peu. Je parle de colocation pour parler de notre vie commune. Ça se passe donc plutôt bien, sauf lors d'épisodes mensuels, où mes parents ont la douleureuse habitude de me tomber d'un coup dessus, à propos de rien, pour me déverser un tas de griefs et de facteurs de ressentiment, de façon très PARENTALE, c'est-à-dire que je me me fais engueuler avec beaucoup de mauvaise foi et une possibilité nulle de rentrer en dialogue. Le principe est de laisser passer la tempête en serrant les dents, ce qui est un exercice très humiliant pour une personne éprise de justice comme moi. Ceci arrive régulièrement et depuis toujours, sauf que cette fois ci j'ai 23 ans, j'en ai marre de vivre avec elleux, d'ailleurs je ne suis quasiment jamais là. Un jour on se dispute avec mon père, je ne saurais pas dire à propos de quoi, imaginons donc que le sujet de dispute est le suivant: "pourquoi avait-il enlevé ces hommes pour les décomposer avec de l'acide ?". On se dispute très fort à ce sujet. On crie, on dit des trucs du genre: "t'as vu comment tu me parles ?" "et toi, t'as vu comment tu me parles ?". Et à un moment je fais l'erreur qui va suivre: aveuglée par la rage et le sentiment d'injustice, je mets une veste et des chaussures, et je pars en déclarant, face à la mauvaise foi de mon père*: "Je ne reviens pas tant que tu n'as pas présenté tes excuses".

* qui n'a, on le remarquera, toujours pas apporté de réponse à la question brûlante qui est le centre de cette rixe: pourquoi diable avait-il enlevé ces hommes pour les découper avec de l'acide ? Je peux d'ors et déjà vous annoncer qu'il n'y aura pas de réponse à cette question. Bref, je claque donc la lourde porte familiale en criant:

Je dévale les 15 étages de l'immeuble pour faire passer la rage, je marche dans la rue, et dix minutes après avoir fait de la marche rapide le long du quai Saint Vincent, je m'aperçois avec horreur:
1. Que ma colère est retombée
2. Comme dit Hamm dans Fin de Partie de Beckett, que "ma colère tombe, j'ai envie de faire pipi"
3. Il fait froid
4. Il fait nuit
5. Je me suis tout bonnement enfermée dehors car mon père ce gros connard à la bouche sale n'a pas l'air d'avoir l'intention de présenter ses excuses. J'écris quelques textos à quelques ami.e.s mais personne ne daigne répondre. À tous les constats susmentionnés s'ajout le fait que la faim se fait sentir, or dans ma précipitation rageuse je n'ai emmené aucun argent. C'est le constat le plus dramatique, celleux qui me connaissent savent que la sensation de famil arrive telle un nuage de sauterelles grignoteuses: d'un coup elles sont là, et il faut qu'elles soient rassasiées IMMÉDIATEMENT. Une succession de plats concoctés par mon papa (qui cuisine très bien, ce chien de ses morts rempli de mauvaise foi jusqu'au cul) passe dans mon esprit. J'arrive place des Terreaux 15 minutes après avoir claqué la porte de chez moi à moitié morte de faim et de soif. J'envoie un message à mon père en exigeant des excuses mais sans réponse. Je suis de retour chez moi 1h40 minutes exactement après être partie. Je mange trois assiettes de spaghettis bolognaises. Ma fugue est ratée et la dispute sans issue. Les spaghettis sont délicieuses. Deux mois plus tard je quitte la maison pour aller habiter à Saint-Étienne.

maudie cc cv
Raconte une fugue ratée feat. une phrase trouvée au hasard dans le livre le plus proche qui doit se trouver dans le texte

Durée : X min